Pas facile d’en comprendre  l’esprit réel. Le Parlement britannique a approuvé, dans le nuit du 22 au 23 avril 2024, le projet de loi controversé d’expulsion vers le Rwanda de demandeurs d’asile, entrés, illégalement, au Royaume Uni. Et les premiers avions vers le Rwanda, venant matérialiser cette décision, pourraient décoller, dès juillet 2024.

Les sols rwandais verraient alors ces citoyens du monde, toutes nationalités confondues, débarquer pour des utilités non encore spécifiées.

Difficile de comprendre les raisons profondes d’une telle opération. Déjà, eux mêmes les parlementaires britanniques s’en sont tirés, avec peine, pour en arriver à l’approbation finale du projet. Il y a été évoqué une manoeuvre dilatoire connue sous le nom de « ping-pong parlementaire », d’autant qu’il en ait résulté une interminable bataille entre la Chambre Haute, réticente face à cette affaire, et la Chambre Basse.

A y regarder de près, le président rwandais, Paul Kagamé, caresserait le célèbre mythe d’Attila, ce Grand Roi de l’empire hunnique, qualifié de fléau de Dieu, au Moyen Age. Dans l’histoire, Attila était assimilé à cet homme qui, partout, où il passait, l’herbe ne poussait plus.

Avec la République démocratique du Congo, le Rwanda, en querelle à l’Est de ce pays, est accusé de soutenir la rébellion des M23. De l’autre côté, du puissant fleuve Congo, en République du Congo, les accords entre Kigali et Brazzaville, sur la question de l’octroi des terres congolaises aux agriculteurs rwandais, soulève des vagues dans l’opinion congolaise.

Comme si tout cela ne suffisait pas, est arrivée cette impénétrable affaire d’expulsion au Rwanda des demandeurs d’asile dont l’entrée est jugée illégale au Royaume Uni. D’où viendrait-il que le gouvernement britannique n’activerait pas, dans pareil cas, la procédure internationalement reconnue, de renvoi dans leurs pays d’origine de ces pauvres immigrés aux présences irrégulières au Royaume Uni ? Et pourquoi pas, à tout prendre, simplement, un référendum qui interrogerait la nation britannique sur l’opportunité de la démarche ?

Difficile de comprendre l’esprit réel d’une telle opération.

Encore plus difficile de réaliser ce qui apparaitrait comme le baroud d’honneur de M. Rishi Sunak, Premier ministre britannique, déclarant, de manière ostentatoire,  »que nous sommes prêts. Les plans sont en place et les vols auront lieu, quoi qu’il arrive ». Des mots du premier ministre qui en cachent d’autres, aux parfums nocifs, et par extension, révèlent de sombres intentions.

Que le temps ne suspende pas son vol.

Et que le soleil continue de briller pour l’humanité entière.

Finiront par être sondés, scrutés, conclusions tirées, des tenants et des aboutissants de cette affaire entre Londres  et Kigali.

Joseph Ouabari Mariotti

est l’ancien Garde des Sceaux

du professeur Pascal Lissouba

(ancien président du Congo-Brazzaville)