CPI : 70 chefs d’accusation contre le sous-chef de la LRA Dominic Ongwen

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Une vidéo montrant des huttes brûlées dans un village du Nord de l’Ouganda, des morts enterrés, à la hâte, et des corps d’enfants abandonnés : le procureur, Benjamin Gumpert, espère convaincre les juges d’ouvrir un procès contre Dominic Ongwen, environ 40 ans.

Surnommé la « Fourmi Blanche », Dominic Ongwen était un des commandants les plus redoutés de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) menée par Joseph Kony, rendue, mondialement, célèbre par la campagne « Kony 2012 ».

Selon l’ONU, la LRA a tué plus de 100.000 personnes et enlevé plus de 60.000 enfants, d’abord, dans le Nord de l’Ouganda, puis, au gré de son exil infernal dans les pays voisins.

« Pendant plus d’une décennie, Dominic Ongwen était un des commandants les plus importants de la LRA », a assuré le procureur Gumpert, soulignant que le suspect « était le fer de lance » de la rébellion.
Selon l’accusation, M. Ongwen « porte une responsabilité criminelle significative » pour des attaques « terrifiantes » dans le Nord du pays, où les civils étaient considérés comme des ennemis.

« Il ne s’agissait pas juste d’une guerre civile : la LRA attaquait des civils qui désiraient uniquement vivre leur vie », a-t-il ajouté. « La philosophie était claire : si vous n’êtes pas avec nous, vous êtes contre nous ».
Pendant cette audience, qui doit durer une semaine, le bureau du procureur va tenter de convaincre trois juges de la CPI que Dominic Ongwen doit être jugé pour ces crimes commis, en Ouganda, entre 2002 et 2005.

M. Ongwen, ex-enfant soldat, doit répondre de 70 chefs d’accusation, dont esclavage sexuel, meurtre et enrôlement d’enfants soldats.

Dix de ces accusations n’ont pas été dévoilées, « par sécurité », a rappelé le juge, Cuno Tarfusser, à l’ouverture de l’audience, tandis que l’accusé répondait que la lecture de ces chefs d’accusation était « une perte de temps ».

L’accusation se concentrera, particulièrement, sur quatre attaques contre des camps de réfugiés fuyant la violence de la LRA et durant lesquelles elle affirme que plus de 130 personnes ont été tuées, dont des enfants.

Lors d’une de ces attaques, contre le camp Odek, en avril 2004, au moins, 61 hommes, femmes et enfants ont été tués. « Un individu a été forcé à tuer un homme avec une massue et forcé à inspecter des corps en décomposition, dont, celui de son père », selon l’accusation.

M. Ongwen a été transféré, à La Haye, après sa reddition, en janvier 2015, en Centrafrique, auprès des forces spéciales américaines. A l’époque, les Etats-Unis avaient mis sa tête à prix pour 5 millions de dollars (4,5 millions d’euros).

Créée en 1987 avec l’objectif de renverser le président ougandais, Yoweri Museveni, pour le remplacer par un régime fondé sur les Dix commandements, la LRA s’est forgé une effroyable réputation au fil de ses exactions.

Mais, la LRA a semé la terreur au-delà des frontières de l’Ouganda : au Sud du Soudan, dans le Nord-Est de la République démocratique du Congo ainsi qu’en Centrafrique.

Prophète auto-proclamé, Joseph Kony a mélangé mystique religieuse, techniques éprouvées de guérilla et brutalité sanguinaire. En dépit de sa jeunesse, Dominic Ongwen a très vite été repéré pour sa loyauté dans le crime, son courage au combat et ses qualités de tacticien.

Mais, certains groupes de défense des droits de l’Homme estiment que Dominic Ongwen est à l’origine, lui-même, une victime : il a été enlevé pour devenir enfant soldat alors qu’il rentrait de l’école. Selon lui, il avait alors 14 ans.

Pour l’accusation, il s’agit tout au plus de circonstances atténuantes, mais, certainement pas, une excuse ou un argument de défense contre les crimes qui lui sont reprochés.

Avec AFP

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