ISLAMISME RADICAL : Quand la France refuse d’être ce qu’elle est

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L’assassin de Samuel Paty a été enterré dimanche, 6 décembre, en Tchétchénie. Il a été célébré comme un héros national par une partie de la population.

Le tollé suscité par les caricatures du prophète MOUHAMMAD (PSL) en France, ensuite, dans le monde, est source d’interrogations sur le niveau de la puissance de pensée d’une frange des intellectuels de l’hexagone, qui, au nom de la liberté, ont cautionné et pris fait et cause pour pareil sacrilège.

La France est-elle devenue une terre de penseurs ignorants ?

Pour parler avec le poète-président, Léopold Sédar Senghor, dont l’œuvre littéraire doit, davantage, être enseignée en France : « Est-ce donc vrai que la France n’est plus la France ? Et votre sang n’a-t-il pas ablué la nation oublieuse de sa mission » ?

A cette terrifiante interrogation, son condisciple, le président, Georges Pompidou, répond de façon raisonnée, lors de son message à l’Assemblée nationale, le 25 juin 1969 : « Il ne suffit pas de restaurer cette vieille et illustre maison France, il faut encore la rénover et l’éclairer de lumières nouvelles ».

Et pourtant, plus de dix ans auparavant, le même président poète, avait indiqué la voie de la rénovation, dans la même Assemblée nationale, lors de son discours sur les projets de décrets d’application de la loi-cadre.

Senghor, homme « d’enracinement et d’ouverture », applaudi à cette occasion, s’est ainsi adressé au ministre de la France d’Outre-Mer et ses collègues députés : «  Je vous dis que la France est un arbre vivant ; ce n’est pas du bois mort promis à la cognée. Quand les enfants ont grandi, du moins, en Afrique noire, ils quittent la case des parents et construisent, à coté une case, leur case, mais, dans le même carré.

« Le carré France, croyez-nous, nous ne voulons pas le quitter. Nous y avons grandi et il y fait bon vivre. Nous voulons tout simplement, Monsieur le ministre, mes chers collègues, y bâtir nos propres cases, qui élargiront et fortifieront en même temps le carré familial, ou plutôt l’hexagone France ».

Quelle grande maladresse de certains leaders, soi-disant « indépendantistes » ou « souverainistes » d’Afrique, plus populistes que politiquement courageux, de proclamer souvent à pleine gorge, l’absolue nécessité de couper le cordon ombilical avec la France !

Un non-sens à notre avis, un « manque de culture », un reniement de soi. L’Afrique n’a pas été enfantée par la France.

Berceau de l’humanité et source première de toutes les civilisations, l’Afrique a droit de cité dans l’espace monde. La primauté de l’homme noir sur terre lui donne le droit universel de résidence sur toute la planète terre.

C’est faire preuve d’étroitesse d’esprit, en ne retenant de la révolution de 1789, que le principe de laïcité, comme mode de contrat social immuable, qui doit éternellement gouverner la France.

Au demeurant, la France est-elle vraiment laïque ?

Après les barbaries de la traite négrière, dont la France fut un des épicentres, et la Révolution de 1789, les missionnaires français, précurseurs de l’occupation odieuse de l’Afrique, étaient aussi porteurs d’un « message biblique », au nom d’une mission civilisatrice.

Un Etat laïc, avec la Bible en bandoulière, pour asseoir une domination sur des peuples militairement faibles !

Quand bien même nous n’oublierons jamais ces blessures profondes sur le corps et le cœur de l’Afrique, nous resterons tout de même admiratifs de 1789.

Au-delà, de la laïcité, comme principe de gouvernance de la République, la révolution française de 1789 est l’expression et la trame d’une société d’un dynamisme exceptionnel, qui dans son évolution historique, doit en permanence être porteuse des valeurs de tolérance, de liberté, de solidarité et d’égalité.

Il ne fait aucun doute que ces valeurs sont portées par le peuple de France. Mais, hélas !

Le pays est freiné et ligoté par ses soi-disant « grands penseurs », à l’esprit figé.

Toute croyance religieuse secrète en elle-même une culture. Toute valeur culturelle participe à la fortification de la foi.

La foi et la culture ne peuvent être bridées par des prismes intellectuels condescendants.

En recyclant ou reformant ses « bienpensants » d’un autre âge, la France fera le saut historique, spectaculaire dont le monde attend d’elle.

« La Case de Senghor », ne consiste pas à dresser une tente de berbère nomade dans les jardins de l’Elysée.

C’est plutôt accepter et reconnaître que la France est définitivement devenue une société multi-raciale, multi-religieuse, multi-confessionnelle, multi-culturelle, engagée dans une trajectoire irréversible.

Le génie des « grands penseurs » de cette « Grande France », serait de conceptualiser l’organisation d’une société française, où l’origine du citoyen sera ensevelie, au nom d’une communauté de destin, en vue de la construction d’un Etat modèle et référence pour l’avenir de l’humanité.

La France ne doit pas marcher à reculons de la Révolution de 1789.

C’est à juste titre, que son éphémère président de la République, Paul Deschanel, disait : «  La France ne retournera pas en arrière ; elle a horreur de tout ce qui ressemble à un recul vers le passé ».

Habib Sy

Ancien ministre d’Etat du Sénégal

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