Le gouverneur de la province de Dar es Salaam en Tanzanie a lancé une campagne contre l’homosexualité, appelant ses administrés à dénoncer des homosexuels et promettant des arrestations dès la semaine prochaine.
« J’ai des informations faisant état de la présence de nombreux homosexuels dans notre province », qui comprend la ville de Dar es Salaam, capitale économique du pays, a déclaré, lundi, 29 octobre, soir, le gouverneur, Paul Makonda, en conférence de presse.
« Ces homosexuels s’en vantent sur les réseaux sociaux. A partir d’aujourd’hui (lundi) jusqu’à dimanche, donnez-moi leurs noms », a-t-il demandé à ses administrés.
« Mon équipe ad hoc commencera à mettre la main sur eux lundi prochain », a promis le gouverneur, membre du parti au pouvoir, le Chama cha Mapinduzi (CCM), et proche du président, John Magufuli, également, connu pour son hostilité envers les homosexuels (notre photo).
« Je sais que lorsque je dénonce l’homosexualité, il y a des pays qui sont fâchés contre moi. Mais, je préfère courroucer ces pays que courroucer Dieu », a poursuivi Paul Makonda.
Le gouverneur, de foi chrétienne, a exhorté ses concitoyens à soutenir sa campagne contre l’homosexualité qui, selon lui, « foule au pied les valeurs morales des Tanzaniens et de nos deux religions chrétienne et musulmane ».
L’homosexualité constitue un crime en Tanzanie, puni d’une peine minimale de 30 ans et pouvant aller jusqu’à la prison à perpétuité. La société tanzanienne ne tolère pas l’homosexualité, qui est, ainsi, pratiquée en cachette.
Depuis l’élection du président Magufuli, en octobre 2015, une véritable rhétorique officielle dénonçant l’homosexualité, aussi bien, masculine que féminine, s’est développée.
En juin 2017, le chef de l’Etat avait affirmé que « même les vaches » réprouvent les pratiques homosexuelles. Quelques jours plus tard, le gouvernement avait menacé d’arrêter tous les défenseurs des homosexuels et promis d’expulser les étrangers qui militeraient pour leurs droits.
Il avait mis cette menace à exécution, en octobre 2017, en expulsant, vers leur pays d’origine, trois Sud-Africains accusés de « promouvoir » le mariage homosexuel.
Avant cela, en février 2017, le gouvernement avait annoncé son intention de « publier une liste de gays qui vendent leur corps sur internet », avant de faire volte-face peu après, officiellement, pour « des raisons techniques » et par souci de préserver les preuves à charge.
Et quelques jours plus tôt, il avait ordonné la fermeture de centres de santé spécialisés dans la lutte contre le sida, accusés de promouvoir l’homosexualité, une décision critiquée, notamment, par les Etats-Unis.
En Afrique, de manière générale, la pratique de l’homosexualité est considérée comme une abomination, une malédiction. Les homosexuels sont accusés d’aller contre la nature des choses. Tous les pays africains en dehors de quelques rares comme l’Afrique du Sud, sont vent debout contre cette pratique qui ne passe pas du tout, malgré de lourdes campagnes de sensibilisation venant des pays occidentaux, et des ONG occidentales ou africaines de droits de l’homme.
Avec AFP