Les élections législatives au Tchad pourront être organisées de manière «réaliste» au premier trimestre 2020, a affirmé, jeudi, 3 octobre, le président de la Commission électorale indépendante (CENI) lors d’un point presse. Le pouvoir accède, ainsi, à la demande de l’opposition qui trouvait irréaliste car totalement bâclées, ces élections si elles avaient été maintenues avant fin 2019. Ces trois mois supplémentaires aideront-ils à quelque peu contenir la machine à frauder du régime de Déby Itno ?
Le président Idriss Déby Itno avait promis que ces élections, qui auraient dû se dérouler en 2015 selon la Constitution, auraient lieu avant la fin 2019. Il avait été incapable de les tenir en 2015 faute d’argent, l’Etat tchadien étant en faillite.Une faillite due, essentiellement, au pillage des ressources pétrolières, douanières et fiscales du pays, par l’appétit vorace du clan présidentiel. Dans le numéro 481 d’Afrique Education, actuellement, chez les marchands de journaux, il est démontré comment le couple présidentiel a pris le système financier du pays en otage : « Tchad : Hinda et Idriss Déby Itno, Main basse sur les richesses du pays », tel est le titre qui fait la pleine page de couverture.
Conséquence de cette prise du pays en otage, pas de fonds pour organiser les élections législatives, depuis quatre ans. Voyant que cette situation était très préjudiciable pour le Tchad, la France a annoncé qu’elle l’aiderait à les financer, ce qui est une honte pour ce pays. Déby se précipitait pour les tenir avant fin 2019 car il sait qu’en 2021, sera organisée l’élection présidentielle. Mais, l’opposition et la société ont donné une fin de non recevoir à cet agenda.
Depuis 2011, l’Assemblée nationale, largement, dominée par la majorité présidentielle, est restée la même. Pour justifier les reports successifs du scrutin, Idriss Déby Itno (sur notre photo avec sa 15e épouse et première dame Hinda Déby Itno), au pouvoir depuis près de 30 ans après un coup d’état sanglant en 1990, contre le régime d’Hissein Habré, a invoqué la menace terroriste de Boko Haram – le groupe djihadiste nigérian qui multiplie les attaques meurtrières dans le Nord-Est du pays depuis 2015 – et des difficultés financières, pour les repousser sans cesse. Mais depuis deux ans, les bailleurs de fonds occidentaux et soutiens du Tchad, font pression sur le chef de l’Etat, Washington en tête.