TCHAD : L’armée américaine refuse-t-elle de quitter le pays ?

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L’indépendance d’un pays ne s’octroie pas mais elle s’arrache. Elle ne se partage pas non plus. Le pays concerné peut accepter de s’accommoder de la présence d’une force étrangère sur son territoire, pour des raisons précises. Parlant du Tchad, on peut émettre de sérieux doutes sur l’efficacité de la présence de l’armée américaine dans ce pays, mais aussi, celle de l’armée française au regard des nombreux défis auxquels le Tchad a été confronté ces dernières années, sans avoir une réponse conséquente et adéquate de ses deux fameux alliés ou partenaires. En effet, il faut dire que malgré cette présence, dit-on pour sécuriser le Tchad et ses frontières, ce pays a, à de nombreuses reprises, été attaqué par des rebelles, menaçant, parfois, de prendre le pouvoir à N’Djamena comme en 2008 quand ils furent repoussés à 300 mètres du Palais rose. C’est un exemple parmi tant d’autres. D’autre part, de quelle sécurité et de stabilité du pays et de ses institutions s’agit-il quand on a observé l’assassinat du maréchal-président, Idriss Déby Itno, alors qu’il était au front pour repousser une rébellion qui menaçait de descendre sur la capitale ? Que faisaient les forces américaines et françaises bien planquées dans leurs bases à jouer aux cartes pour passer le temps, alors que la survie du régime qui a signé des accords avec les Etats-Unis et la France, était en danger ? Le maréchal-président en est mort. Le jeune président démocratiquement élu du Tchad, Mahamat Idriss Déby Itno, doit tirer les leçons de ce douloureux passé. Qu’on le laisse bâtir une politique qui met au centre de ses préoccupations, les seuls intérêts du Tchad.

Ces derniers temps, de hauts responsables des départements d’Etat et de la Défense se sont rendus dans la capitale tchadienne, N’Djamena, pour convaincre le nouveau pouvoir issu des élections démocratiquement gagnées, en mai dernier, de laisser l’armée américaine poursuivre ses missions au moment où elle est chassée un peu partout ailleurs en Afrique, notamment, au Niger où elle avait construit sa plus grande base de drones en Afrique.

Plus tôt, cette année, le gouvernement de N’Djamena a annoncé vouloir renégocier l’accord, qui autorise l’accès de l’armée américaine à son territoire, ce qui a conduit les Etats-Unis à retirer une unité d’environ 75 membres des forces d’opérations spéciales opérant dans une base près de la capitale.

Cette demande intervient alors que son voisin, le Niger, était en train d’ordonner le retrait de l’armée américaine, un retrait qui a presque pris fin au début du mois, lorsque les Etats-Unis ont remis le contrôle d’une base de 100 millions de dollars à la junte au pouvoir au Niger.

Le Niger a été un partenaire de premier plan dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, dit-on, alors que personne n’a vu les résultats de cette lutte américaine contre le terrorisme au Niger ou au Sahel. Les Etats-Unis y avaient déployé une centaine de membres des forces spéciales avant avril 2008, théoriquement, pour y faire face, mais, dans la pratique, en réalité, cette centaine de membres des forces spéciales était affectée à d’autres missions, qui ne répondaient pas toujours aux intérêts supérieurs du Niger et même du Sahel.

Ces occidentaux ne pensent qu’à saturer l’Afrique de leurs bases militaires, qui, de surcroît, ne servent à rien aux pays africains. Le Tchad accueille depuis des décennies plusieurs bases françaises. Cela n’a pas empêché le Tchad d’être victime de multiples rébellions et de voir son chef d’Etat assassiné à cause de l’instabilité dont souffre ce pays.

A un moment donné, il faut se dire que la sécurité du Tchad doit être assurée par les Tchadiens eux-mêmes et non par des soldats étrangers qui semblent jouer un double jeu qui favorise leurs intérêts au détriment de ceux du Tchad.

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