TCHAD : Les choix audacieux de MIDI (Mahamat Idriss Déby Itno)

Date

La force du jeune président, c’est d’entreprendre des réformes profondes nécessaires pour son pays sans se soucier des qu’en dira-t-on. C’est ce volontarisme qui l’a orienté vers d’autres choix stratégiques différents des orientations du pays opéré ces dernières décennies, et c’est toujours ce souci d’imprimer tout de sa suite sa marque qui vient de le pousser à faire un véritable balayage au niveau du collège des généraux dont certains l’avaient accompagné au lendemain de son accession à la présidence de transition.

En homme politique, déjà, aguerri, et montrant tous les jours qu’aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années, MIDI (Mahamat Idriss Déby Itno) vient de faire de la place autour du sérail politique. C’est une bouffée d’air frais qu’il s’offre alors que certains entourages militaires commençaient à être pesants pour la stabilité de son régime. Qu’on se souvienne que la présidentielle l’a bien confirmé comme président de la République démocratiquement élu, mais, tous les généraux ne l’acceptaient pas de cette oreille, chacun opérant en fonction de ses propres intérêts. Le président se tourne de plus en plus vers la Russie, après avoir pesé le pour et le contre, ce qui ne plaît pas à quelques généraux qui se laissent facilement manipuler contre des espèces sonnantes et trébuchantes. D’autre part, le positionnement stratégique du chef de l’Etat dans le conflit qui oppose les frères soudanais, n’est pas du goût de tous les généraux où chacun ne sait balayer que devant sa porte, oubliant que l’intérêt supérieur de la nation doit primer quand le président prend position.

C’est ainsi qu’une quinzaine de généraux vient de perdre leurs fonctions, limogés ou affectés à d’autres fonctions, c’est selon, sur décision personnelle du président de la République. Agé de seulement 40 ans, MIDI s’est frotté à la politique au lendemain de la disparition inattendue de son père, le maréchal, Idriss Déby Itno, en avril 2021. Mais, ayant très vite appris à gérer l’Etat, son audace actuelle va, certainement, faire du bien au pays. Car avec lui, on ne ourne pas en rond, mais, on avance (au pas des militaires).

MIDI (en gandoura blanche) a assisté le premier jour au Sommet de la Francophonie en France avec ses pairs avant de s’envoler le lendemain aux Emirats arabes unis.

Le directeur général de la gendarmerie, Ahmat Youssouf Mahamat Itno, cousin de MIDI (les deux portent d’ailleurs le même nom) a été évincé sans autre forme de procès, même s’il a été parmi les 14 généraux qui portèrent le président à la tête du pays comme président de transition. Ce qui montre que la main du président ne tremble pas au moment de signer un décret qui est appelé à faire mal.

Aide de camp du président avant d’être nommé directeur général de la police nationale, le général, Brahim Gorou Mahamat, n’a pas non plus, été épargné par la furie présidentielle.

Premier à être limogé avant ses autres collègues, le ministre de la Sécurité, le général, Mahamat Charfadine Margui, a été remplacé par le général, Ali Ahmat Akhabache.

MIDI entreprend ce chambardement au moment où ses caisses sont pleines. En effet, les Emirats arabes unis viennent d’octroyer une enveloppe de 500 millions de dollars (plus de 300 milliards de F CFA), soit plus du cinquième du budget annuel du Tchad, afin de stabiliser la politique du jeune président (sur notre photo, MIDI s’entretient avec le président des Emirats arabes unis, Mohammed ben Zayed Al Nahyane, le 7 octobre). Ce dernier peut donc y puiser avec aise pour indemniser les généraux limogés et atténuer, considérablement, leur colère.

Les conditions d’octroi de cette aide sont douces : son remboursement s’étalera sur une période de 18 ans au taux de 1%, une broutille comparée aux taux en vigueur sur les marchés financiers et qui sont de l’ordre de 6 à 8%, voire, plus. Le ministre tchadien des Finances, Tahir Hamid Nguilin, ne peut qu’être aux anges quand il sait qu’il a un président qui sait décrocher des trésors à moindre prix.

MIDI dont le pays s’est transformé en terre d’accueil pour des millions de déplacés soudanais, aura de quoi souffler, la cagnotte des Nations-Unies, les fonds des réfugiés ainsi que les aides bilatérales ne donnant pas toujours satisfaction.

MIDI a eu le temps d’immortaliser sa présence au Sommet avec le couple présidentiel français et la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo.

La diplomatie tracée par le jeune président tchadien se veut originale. Nullement suiviste, celle-ci se définit en fonction de la vision qu’il entend imprimer au Tchad. C’est ainsi que contrairement aux autres Sommets de la Francophonie où la présence du président tchadien faisait partie des temps forts de la rencontre, MIDI n’a confirmé sa participation au Sommet de la Francophonie en France que deux ou trois jours avant. Mais, ayant le cœur ailleurs, il n’y a fait qu’un seul jour avant d’embarquer dans son avion pour les Emirats arabes unis où il était attendu pour signer cet accord juteux. C’était la deuxième visite dans ce pays après celle effectuée en mars qui permit aux deux parties d’écrire les grandes lignes de la coopération bilatérale, qui n’attendaient que la retour du Tchad à la normalisation démocratique, ce qui a été fait avec l’élection présidentielle de mai.

Grâce à ces 500 millions de dollars, MIDI a de quoi initier l’exécution de son programme de relance économique pour le Tchad, lequel poursuivra les chantiers en cours, notamment, ceux relatifs ayant trait au renforcement des infrastructures sanitaires, et à l’amélioration du climat social pour les populations locales.

Envie d’accéder aux contenus réservés aux abonnés ?

More
articles

×
×

Panier