L’élection présidentielle du Tchad a eu lieu hier, 6 mai 2024. Sur la forme car, en réalité, le vainqueur est connu : MIDI (Mahamat Idriss Déby Itno), fils de l’autre, et président actuel de la transition tchadienne, ne peut être battu lors de ce scrutin cousu sur mesure. Quand il avait brigué ce poste, à la mort de son père, le maréchal, Idriss Déby Itno, on nous avait expliqué que ce n’était pas pour confisquer le pouvoir. On nous avait dit qu’il était la personnalité consensuelle pour assurer la transition de 18 mois qui avait été définie à l’issue de laquelle il organiserait une élection présidentielle à laquelle il ne se présenterait pas. Mais, le Tchad étant le Tchad avec ses complications guerrières et militaires, la transition a été glissée de 18 mois à trois ans. Ce changement a permis au président de transition, dans le cadre du Dialogue de réconciliation qu’il a organisé de s’incruster au pouvoir en faisant sauter le verrou de sa candidature. C’est un habillage qui ne trompe que les non-initiés car, dès le début, il était acquis que MIDI allait conserver le pouvoir laissé par son père. Avec l’aimable complicité de Paris.

Son père était l’homme des Français. Assassiné au front par les rebelles, il a été remplacé par son fils avec le soutien de la France. C’est la raison pour laquelle son intronisation en avril 2021 le fut par Emmanuel Macron, en personne, venu de France pour assister aux obsèques du père et assurer la pérénnité du clan au pouvoir, après avoir ignoré la constitution qui énonce que la transition doit être assurée par le président de l’Assemblée nationale ou un de ses adjoints. Contrairement aux Français, les Américains ont soutenu une non-candidature du président de la transition à l’élection présidentielle du 6 mai, mais, ils n’ont pas été suivis. Tout comme l’Union africaine dont le président de la Commission, le Tchadien, Moussa Faki Mahamat, avait demandé que MIDI ne soit pas candidat à l’élection présidentielle conformément aux engagements pris au début de la transition. Mais, personne à N’Djamena l’a suivi.

La présidentielle du 6 mai pour MIDI ne sera qu’une formalité. N’Djamena a essayé d’habiller le processus en acceptant l’intégration de l’opposant, Succès Masra, son premier ministre comme adversaire. D’aucuns ont parlé de duel. Quel duel ? Masra que beaucoup de Tchadiens considèrent à juste titre comme un traître, n’est qu’un accompagnateur, un faire-valoir de cette mascarade électorale qui s’est jouée le 6 mai.

Le code électoral indique que les résultats sont connus 15 jours après, c’est-à-dire, le 21 mai. Mais, tout le monde sait que dès demain ou au plus tard, après-midi, le vainqueur qui ne fait aucun doute, sera connu. Même si son nom sera gardé dans les ordinateurs. Il n’y a donc pas match et Masra le traître, pourrait continuer à officier comme premier ministre, pour un temps, aux côtés de l’apprenti-dictateur MIDI.

La question tchadienne est loin d’avoir trouvé une réponse. Elle ne pourra être résolue que par une autre guerre, et non par les urnes, et cet instant, connaissant le Tchad, n’est pas à inscrire dans les calendes grecques.

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