TCHAD : Tentative avortée d’un (probable) coup d’état

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Au moins, 19 personnes ont été tuées dans cet assaut contre le Palais Rose (Palais présidentiel) dont 18 assaillants. Cette attaque surprise cachait, sans doute, une autre de plus grande ampleur si elle avait réussi sa percée. Le ver est encore dans le fruit. Cela dit, on note que la riposte a été à la hauteur de l’enjeu et MIDI (Mahamat Idriss Déby Itno) peut être fier de sa garde (présidentielle) qui a su le défendre de façon professionnelle et rigoureuse. Tout est rentré dans l’ordre après deux heures de coups de feu nourris.

Il y a quelques semaines, Afrique Education avertissait le président tchadien de ce que tout le monde n’était pas content des grandes décisions stratégiques qu’il était en train de prendre en tant que président, nouvellement, démocratiquement, élu. Le départ de l’armée française de ses bases tchadiennes a fait beaucoup (beaucoup) de mécontents dans la classe militaire tchadienne. Afrique Education concluait que la Russie (déjà en place) ne pouvait pas cohabiter avec la France sur le plan militaire. On en a la preuve aujourd’hui.

Selon le chef de la diplomatie et porte-parole du gouvernement, Abderaman Koulamallah (qui a répondu le 8 janvier au soir à la presse avec un pistolet bien chargé à la hanche), le procureur s’est, immédiatement, saisi de l’enquête et on ne tardera pas à en savoir plus dans les jours à venir. Cela dit, ce qui est arrivé, mercredi, 8 janvier, dans la capitale tchadienne, dans les abords du Palais Rose, pourrait arriver, à tout moment, à Koulouba (Palais présidentiel malien), à Kossyam (Palais présidentiel burkinabé), ou au palais présidentiel à Niamey.

Les ennemis des présidents en place peuvent se servir du nom de la France pour entreprendre leurs propres manœuvres de déstabilisation, tout comme la France, elle-même, mécontente (et c’est le moins qu’on puisse dire) d’avoir été débarquée de façon humiliante dans les pays concernés après y avoir régné comme maître pendant des décennies, peut chercher à se venger. Dans tous les cas de figure, les présidents du Tchad, du Niger, du Faso et du Mali, ont intérêt à ouvrir l’oeil et à bien tendre l’oreille. En ne négligeant rien.

MIDI et Macron : Alliance désormais contre nature.

Parlant du Tchad, on peut faire confiance à MIDI quand il affirme que son pays est capable d’assurer sa sécurité à l’intérieur comme à l’extérieur. En effet, le Tchad est le pays militairement le plus aguerri de l’Afrique noire francophone au point où la France se servait de lui pour asseoir sa propre stratégie militaire en Afrique. On se souvient qu’en 2013, après l’arrivée de la France pour stopper les djihadistes qui voulaient converger vers Bamako, c’est au maréchal Idriss Déby Itno que François Hollande fit appel pour qu’il dépêche plus d’un millier de soldats afin de contenir la rébellion en faisant équipe avec l’armée française et l’armée malienne locale. Pour la petite histoire, le maréchal envoya son propre fils comme commandant en second dans cette opération. C’est ce fils qui dirige, aujourd’hui, le Tchad. Quand il dit que le Tchad est capable d’assurer sa sécurité, il sait de quoi il parle. Et l’attaque du 8 juin qui a rassemblé 24 assaillants armés jusqu’aux dents le montre clairement puisqu’en deux heures de tirs nourris, la garde (présidentielle) tchadienne en tué 18, ne perdant qu’un seul élément dans ses rangs qui est, aujourd’hui, considéré comme un héros et salué à titre posthume comme tel.

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