TRANSITION AU MALI : J’y suis j’y reste (La durée de la transition risque de s’allonger)

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Un «dialogue» national recommande plusieurs années de régime militaire supplémentaires. C’est une position qui est loin d’enchanter les adversaires des militaires dont l’objectif est de chasser le djihadisme du Mali. Une ambition qui s’étend sur le temps sans qu’on sache combien d’années ça va prendre.

Des centaines de participants à des consultations nationales censées proposer des solutions à la crise sécuritaire et politique au Mali, ont recommandé, vendredi, 10 mai, de prolonger de plusieurs années supplémentaires le régime des militaires, qui ont pris le pouvoir par la force en 2020.

Ils ont, aussi, demandé que le chef de la junte, le colonel, Assimi Goïta, se présente à la présidentielle, qui devrait mettre fin à cette période dite de «transition», selon les recommandations lues au terme de ce «dialogue inter-Maliens» et diffusées par la télévision d’Etat.

«Au titre des questions politiques et institutionnelles, le dialogue inter-Maliens recommande (de …) proroger la durée de la transition de deux à cinq ans» et de «susciter la candidature du colonel Assimi Goïta à la prochaine élection présidentielle», a déclaré le rapporteur du comité de pilotage de ces consultations, Boubacar Sow (notre photo). Ces propos semblent suggérer un maintien au pouvoir des colonels pendant trois années supplémentaires à partir de fin mars 2024 et donc jusqu’en 2027.

Les militaires, qui ont pris en 2020 la tête de ce pays confronté au djihadisme et aux agissements des groupes armés s’étaient engagés en 2022 à rendre le pouvoir aux civils en mars 2024 après des élections. Ils ont manqué à cet engagement pris à l’époque sous la pression de la Communauté des Etats ouest-africains et de sanctions rigoureuses de la part de cette organisation. Le dialogue a, par ailleurs, préconisé d’«ouvrir le dialogue doctrinal avec les groupes armés dit djihadistes», a déclaré Boubacar Sow.

Le pouvoir du colonel-président, Assimi Goïta, aligne souvent l’argument béton sur le Tchad, cet autre pays victime d’un putsch, n’a pas subi les mêmes contraintes que le Mali. Le Tchad vient de mettre un terme à sa transition avec, au moins, deux entorses dont personne ne parle, surtout, pas ses alliés français et occidentaux : le président de transition devait diriger la transition et organiser une élection à laquelle il ne devait pas être candidat. Mais, grâce à plusieurs manœuvres avec le soutien des parrains occidentaux, le président de transition, Mahamat Idriss Déby Itno (MIDI), s’est présenté à cette présidentielle qu’il vient de gagner, haut la main, en se servant d’un système de fraude inégalé. Deuxièmement, le président de transition a fait assassiner son propre oncle, membre du clan présidentiel, Yaya Djilo, qui était son principal adversaire pendant ce scrutin où lui-même était candidat. Il l’a fait tuer trois jours avant de déclarer sa propre candidature à l’élection présidentielle, une élection qu’il vient de gagner avec 61% des voix, ce jeudi, 9 mai, soit, trois jours après le vote. Alors que beaucoup de PV n’étaient pas encore arrivés au siège de l’Agence nationale de gestion des élections (ANGE) chargé de leur compilation, MIDI a été déclaré élu, après avoir investi l’armée dans tous les carrefours de la ville de N’Djamena, question de prévenir les manifestations de colère des populations.

Si on laisse le Tchad faire ce qu’il veut, pourquoi critiquer le Mali qui, au moins, a une certaine crédibilité dans sa démarche de chercher la paix et de chasser le djihadisme, que les Africains leur reconnaissent ?

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