Alors que le président français, Emmanuel Macron, continue de contempler l’étendue des conséquences dramatiques de son manque de fair play politique en France après son coup de poker raté l’été dernier, la question de la présence de soldats français au Bénin fait son retour dans l’actualité pour davantage l’accabler.
On se souvient qu’en septembre 2023, il envisageait, sérieusement, de porter secours à son compère, Mohamed Bazoum, face aux putschistes nigériens dirigés par le général, Abdourahamane Tiani. Le dirigeant français avait obtenu l’accord de participation de plusieurs dirigeants de la CEDEAO, parmi lesquels les présidents du Nigéria, Bola Tinubu, du Sénégal, Macky Sall, et Patrice Talon, pour une invasion du Niger.
Cette initiative s’était effondrée, peu de temps après, sous le feu des critiques venant de partout. Par la suite, Paris et Cotonou avaient, d’une même voix, rejeté les allégations des autorités militaires de Niamey sur le fait que le Palais de la Marina (présidence du Bénin) servait de base arrière militaire à l’Elysée, sans pour autant préciser où les troupes françaises expulsées avaient été redéployées.
Selon Philippe Noudjènoumè, le secrétaire général du parti communiste du Bénin, une partie d’entre elles se trouverait depuis lors sur la frontière entre le Bénin et le Burkina Faso, comme l’affirmait la junte nigérienne pour justifier sa méfiance envers le régime béninois, et l’apparition de tensions diplomatiques, qui ne s’était estompée qu’après une longue période de médiation.
L’opposant béninois va encore plus loin en soutenant que la présence de soldats français dans son pays s’inscrit dans le cadre d’un accord pour la création d’une base militaire hexagonale signé en février 2023 à l’Elysée. Ce qui pourrait expliquer la visite qu’avait rendue Patrice Talon, en sa qualité assumée de vassal, à Emmanuel Macron, le 5 mars de la même année (sur notre photo, les chaleureuses retrouvailles des deux présidents le 5 mars 2023 sur la Cour de l’Elysée).
A la lumière de telles révélations, une réaction de la part de Paris et de Cotonou s’impose. Cependant, le retour de la crise politique française rend cette perspective peu probable pour Macron, celui-ci étant plus fébrile que jamais. En revanche, Talon, envers qui l’opposition fait preuve d’une inexplicable clémence, pourrait être tenté de s’expliquer sur lesdites allégations.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)