Un juge de Liège a été saisi au début de ce mois pour enquêter sur des soupçons de favoritisme reproché à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à l’égard du géant pharmaceutique, Pfizer, lors des négociations contractuelles, en 2022, visant à commander de nouvelles doses de vaccin contre la Covid-19 destinées aux pays membres de l’Union européenne.
Ursula von der Leyen est ainsi accusée d’avoir outrepassé le champ d’actions propres à ses prérogatives au sein de la Commission, et d’avoir négocié, à titre personnel, l’acquisition de doses supplémentaires avec le patron de Pfizer, Albert Bourla, d’où le fait qu’elle soit directement visée par la procédure de justice.
Le plaignant, Frédéric Baldan, qui est un activiste belge, s’appuie sur des données tirées de l’organisme de santé publique, Sciensano, montrant que Pfizer a livré à son pays environ 70% du volume total des nouvelles commandes passées auprès des producteurs de vaccins, soit 27,9 millions sur les 40,4 millions de doses sollicitées, pour conclure que Pfizer a bénéficié d’un traitement de faveur par rapport aux autres concurrents grâce à l’intervention de la dirigeante de l’institution européenne.
Invitée à plusieurs reprises à fournir le contenu de ses échanges par SMS avec Bourla, Ursula von der Leyen prétend les avoir malencontreusement effacé. Une action que Baldan assimile plutôt à un aveu de destruction de documents administratifs.
Si les conversations n’ont pas été effacées, le fait de refuser de révéler leur contenu est une violation de la loi constitutionnelle belge.
Par contre, si leur non-transmission est motivée par des raisons privées, il sera alors établi que Ursula Von der Leyen et Albert Bourla ont entretenu des rapports privilégiés, et qu’il y a donc bel et bien eu conflits d’intérêt.
Le juge en charge du dossier devrait, en toute logique, demander la levée de l’immunité diplomatique dont bénéficie l’influente responsable de l’UE afin de tirer cette situation au clair.
Frédéric Baldan, qui réclame 50 000 euros de préjudices moraux à la cheffe de la Commission, est probablement le cadet des soucis de cette dernière, qui risque bien plus qu’une simple amende pécuniaire dans ce dossier.
Après l’affaire Eva Kaili qui a jeté un énorme discrédit sur le Parlement européen, voici l’affaire Ursula Von de Leyen qui vient assombrir, cette fois, le ciel de la plus haute instance de l’Union européenne.
Paul Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)