Instrumentalisé par l’Occident pour se lancer dans une guerre, pratiquement impossible à gagner, face à son voisin russe, Vladimir Poutine, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, vit des moments particulièrement troubles en ce dernier trimestre 2023.
Après avoir échoué dans sa contre-offensive cet été, le président ukrainien constate l’abandon progressif de ses soutiens occidentaux. Dépendant fortement de Joe Biden, dont l’aide militaire avoisine plusieurs dizaines de milliards de dollars, et pris à contrepied par le blocage de celle-ci en raison du nombre grandissant d’Américains estimant que leur pays en a déjà fait assez, il fait en plus face à des protestations au sein de son armée, la peur de la mort certaine étant le motif le plus souvent évoqué par les soldats indisciplinés.
Une mauvaise nouvelle ne venant jamais seule, Volodymyr Zelensky observe avec impuissance comment les fonds, qui devaient probablement lui être destinés, servent maintenant à financer la vengeance d’Israël contre un ennemi, une fois encore, presqu’impossible à éradiquer. On en vient à s’interroger sur ce qui motive les Etats-Unis à toujours s’investir lourdement dans des conflits dont l’issue est incertaine. Les cas de l’Ukraine et d’Israël présentant, tout de même, quelques différences fondamentales.
Ayant à peine eu le temps de digérer l’avis défavorable de l’OTAN concernant l’adhésion de son pays, le dirigeant ukrainien vient, également, de découvrir que ses alliés continuent de s’approvisionner en pétrole russe. Pourtant sous embargo, l’or noir russe arrive dans les ports américains, britanniques et autres, comme l’explique Global Witness après plusieurs mois d’investigation. Décidé à affaiblir le Kremlin, l’Occident avait mis sous embargo les produits énergétiques russes, et instauré une pluie de sanctions contre tout acteur sectoriel qui essayerait de contourner ces mesures.
Cela n’a visiblement découragé ni les groupes pétroliers, comme Shell ou BP, ni les transporteurs ni les raffineries de pétrole, puisqu’entre janvier et septembre 2023 seuls, l’équivalent de 180 millions de dollars de pétrole raffiné est entré aux Etats-Unis. Le liquide brut aurait été acheminé dans des pays du tiers-monde, tels que la Turquie ou l’Inde, pour des besoins de raffinage, avant d’être envoyé vers diverses destinations finales. Interrogé sur ce scandale dont les chiffres pourraient être beaucoup plus élevés, Lloyd Doggett, le démocrate américain à la base de la législation sur les sanctions contre la Russie, n’a su quoi répondre. Car en effet, comment justifier une telle omission compte tenu de l’objectif à atteindre face à un ennemi aussi redoutable ?
Volodymyr Zelensky est tout à fait en droit de se poser mille et une questions sur ses soutiens occidentaux. L’hiver de cette année s’annonçant rude et les présidentielles ukrainiennes, en principe prévues pour mars prochain, ayant sagement été repoussées au cours de ce mois, l’homme fort de Kiev, qui prend de plus en plus la mesure de son esseulement, peut-il encore tenir dans cette guerre contre la Russie ?
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)