Diminué depuis plusieurs mois, le pape, François, a annoncé, dans la nuit de vendredi à samedi, 30 juillet, de retour d’un voyage au Canada, envisager de ralentir le rythme de ses déplacements, voire, « se mettre de côté ». Il n’est donc pas exclu que les cardinaux puissent se retrouver cette année, ou l’année prochaine, en conclave pour élire le successeur de François. Ce n’est plus une hypothèse d’école.
Heureusement que le pape François n’est pas comme Jean-Paul II qui, bien que très mal en point, ne voulait pas abdiquer. Quand on lui posait la question de sa démission, il répondait par la question suivante : « Vous voulez que j’adresse ma démission à qui » ? C’est le genre de réactions qui sortent de la bouche des dictateurs africains qui préfèrent mourir au pouvoir. Après eux, c’est le déluge, d’où leur volonté de diriger le pays jusqu’à la mort. François, lui, n’est pas de cette race-là. Agé de 85 ans, diminué par de vives douleurs au genou le contraignant à se déplacer en fauteuil roulant, il a confié, urbi et orbi, au retour de son voyage au Canada qu’il devrait réduire le rythme de ses déplacements, évoquant même la possibilité de se « mettre de côté ».
« Je ne crois pas que je puisse conserver le même rythme de voyage qu’auparavant. Je crois qu’à mon âge, et avec ces limites, je dois me ménager pour pouvoir servir l’église, ou au contraire, penser à la possibilité de me mettre de côté », a déclaré le souverain pontife lors d’une conférence de presse dans l’avion le ramenant au Vatican, dans la nuit du vendredi 29 au samedi 30 juillet (sur notre photo, le pape François vient d’atterrir à Edmonton dimanche 24 juillet après 10 heures de vol. Il est accueilli par le premier ministre Jean Trudeau ainsi que les responsables autochtones à qui il demandera pardon plus tard).
Lors de cette visite de six jours, son 37e voyage international depuis son élection en 2013, le pape s’est déplacé surtout en fauteuil roulant et est apparu affaibli, mais, a toutefois salué la foule à bord de la « papamobile ».
« Ce voyage était un peu un test : il est vrai qu’on ne peut pas faire les voyages dans cet état, il faut peut-être changer un peu le style », a-t-il reconnu, tout en confiant qu’il « essaierait de continuer à voyager, à être proche des gens, parce que c’est un moyen de servir, la proximité ».
« En toute honnêteté, ce n’est pas une catastrophe. On peut changer de pape. Ce n’est pas un problème. Mais je crois que je dois me limiter un peu, avec ces efforts », a ajouté le souverain pontife.
Depuis début mai, le jésuite argentin se déplace en fauteuil roulant ou avec une canne, affaibli par des douleurs au genou droit. Pour soulager sa gonalgie, il reçoit régulièrement des infiltrations et suit des séances de kinésithérapie, selon le Vatican qui cultive la discrétion quant à sa santé.
Jorge Bergoglio a, cependant, écarté la possibilité d’une intervention chirurgicale, confiant garder des « séquelles » de l’anesthésie subie en juillet 2021 lors d’une opération au colon.
La « porte ouverte » à une démission
Au sujet d’une éventuelle renonciation, à l’image de son prédécesseur Benoît XVI, le pape a répété samedi que la porte était « ouverte ». « Mais jusqu’à aujourd’hui, je n’ai pas poussé cette porte. Comme on dit, je ne l’ai pas senti, de penser à cette possibilité. Mais, cela ne veut pas dire qu’après demain, je ne vais pas commencer à y penser. »
En 2014, François lui-même avait contribué à alimenter l’hypothèse d’une éventuelle démission, estimant que Benoît XVI avait « ouvert une porte » en renonçant à sa charge. Mais, il avait démenti début juillet les rumeurs selon lesquelles il pourrait renoncer prochainement à sa charge en raison de ses problèmes de santé.
Trois événements alimentent cependant les interrogations, parmi lesquels la tenue le 27 août d’un consistoire pour créer une vingtaine de nouveaux cardinaux – dont de futurs électeurs en cas de conclave, une période très inhabituelle pour cela.
Dans la foulée, le pape réunira à Rome les cardinaux du monde entier et se rendra à L’Aquila (Abruzzes), sur la tombe de Célestin V, premier pape démissionnaire, au XIIIe siècle. Cette conjonction inédite intrigue la presse italienne et internationale, dont une partie y voit une occasion pour le pape d’annoncer sa décision au monde.
Le pontife argentin a, par ailleurs, renouvelé son désir de se rendre à Kiev, sans plus de détails, et confirmé le projet d’un déplacement au Kazakhstan en septembre, pour participer à un sommet de hauts responsables religieux.
Il a également indiqué qu’il se rendrait au Soudan du Sud « avant » d’aller en République démocratique du Congo (RDC), alors qu’il devait visiter les deux pays début, il y a quelques semaines, lors d’une même voyage, reporté sine die en raison de son état de santé.